Cette nouvelle page s'ouvre sur le délicieux roman de Marie-Sabine ROGER (née en 1957)"La tête en friche" paru aux Editions du Rouergue en 2008.

Je m'appelle Germain Chazès. Il paraît que je suis le héros du roman et même le narrateur. Ca veut dire que c'est moi qui raconte l'histoire. Ca me fait bien rigoler qu'on me donne tant d'importance car je ne sais même pas lire !

A lécole j'étais le cancre de la classe.

" - Décidément, mon pauvre Châzes, je crois qu'il vous manque une câse !

Les autres éclataient tous de rire. [...] Et moi, j'aurais voulu mourir. [...]

Je ne suis pas le seul à avoir dégusté. Il en a bousillé quelques-uns, le vieux Bayle, avec sa méchanceté, sa bêtise. [...] Etre con à ce point là, c'est du talent, je trouve." P. 56 à 58 

 A l'armée, "on m'a classé dans les analphabètes, nom dans lequel on entend le mot bête, qui résume très bien ce qu'on pensait de moi, en plus poli." P. 61

A la maison, "quand j'étais gamin, ma mère m'appelait l'imbécile heureux [...] Ma mère m'appelait aussi le taré, ou l'andouille. Et quand je me suis mis à grandir : le grand con " P. 40

Au village, j'étais une brute paisible de 45ans. L'idiot du village, quoi ! "Cent dix kilos de muscles et pas un poil de graisse, un mètre quatre-vingt-dix  sous la toise." P. 10 

"J'habite au fond du jardin de ma mère, dans une caravane" P. 11

"Je m'encombrais de tout un tas de bordel imbécile. Les jeux à la télé, les blagues à la radio, les discussions avec Jojo au café restau, la belote avec Marco, Julien et Landremont. Et puis les soirs où j'allais voir Annette ..." P. 12 

"Je me bourrais la gueule à fond tous les samedis soir" P. 61

Mais "je sculpte des morceaux de bois avec mon opinel" P. 15 et je vais chaque jour au parc pour compter les pigeons auxquels j'ai donné un nom.

C'est à cause de ce banc  dans le parc et des pigeons que ma vie a changé !!!

Elle, c'est Margueritte avec deux t. C'est l'autre héros du roman. Oui, on est deux. Mais il paraît qu'on dit l'héroïne quand on parle d'une femme. C'est bizarre que ce soit le même mot que cette saloperie de poudre blanche !

Margueritte compte les pigeons

C'est là sur mon banc que je l'ai vue pour la première fois.

"J'ai décidé d'adopter Margueritte. Elle va bientôt fêter ses quatre-vingt-six ans, il valait mieux pas trop attendre. Les vieux ont tendance à mourir..." P. 9

"Margueritte, elle se tasse, par contre. Elle se tient de guingois, pliée sur ses genoux[...] Elle est fragile[...] Elle a de petits os de piaf." P. 10 

"Elle est toujours habillée pareil." P. 13 

"Elle portait une robe imprimée, avec des fleurs grises et violettes de la couleur de ses cheveux, un gilet tout boutonné, des bas et des chaussures sombres. Près d'elle , il y avait un sac noir." P. 14

"Margueritte a fait des études. Pas des petites études de merde[...]

Elle a passé un doctorat, sauf qu'elle n'est pas docteur, elle était dans les plantes. Elle faisait des études de pépins de raisin[...] P. 65 

Depuis deux ans, elle habite la maison de retraite des Peupliers. 

Moments de partage autour de la lecture

Après notre rencontre, notre relation va grandir grâce au partage de la lecture.

"C'est pas parce qu'on est inculte qu'on n'est pas cultivable. Il suffit de tomber sur un bon jardinier." P. 152 

Et le bon jardinier pour moi,  c'est Margueritte. Elle m'offre mon premier outil : un dictionnaire. Grâce à sa patience je découvre les mots,  les livres et la lecture.  "Les mots, ce sont des boîtes qui servent à ranger les pensées pour mieux les présenter aux autres et leur faire l'article. "  P. 27

Et lorsque la catastrophe arrive (P. 191)

_ Germain,  je ne vais plus pouvoir vous lire de romans encore très longtemps [...] je n'y vois plus très bien [...] C'est une maladie qui ne se soigne pas. On l'appelle la dégénérescence maculaire liée à l'âge. 

Alors avec ma copine Annette, on va chercher comment lui venir en aide et adoucir ses dernières années...

Ce roman à été adapté au cinéma par Jean BECKER avec Gisèle CASADESUS et Gérard DEPARDIEU en 2010.